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20 juillet 2009

Tout fout le camp

Par Sire Christophe Bizet De La Roche, votre suzerain

Du haut de mon piédestal, j’ai tout loisir de contempler mes ingrats sujets.

Assis, vautrés ou errants, traînant derrière eux quantité de bagages, les bougres n’ont pas fière allure. Au mépris de son prochain, chacun court, apostrophe, double ou bouscule pour, avant les autres, goûter le rail ou, plus prosaïquement se jeter sur un siège inoccupé.

A vrai dire, bien peu d’entre eux trouvent grâce à mes yeux.

Je préfère forcément les silencieux. Les lecteurs, peut-être… Ainsi, je me surprends à les observer, à guetter le moindre frétillement d’une narine, d’un œil… A épier les signes d’un récit particulièrement captivant. Ces gens sont ailleurs. Et le fait qu’ils ne soient pas ici suffit à me les rendre presque sympathiques.

Il en va un peu de même pour les personnages affublés de curieuses et proéminentes oreilles, parfois colorées. Les uns dodelinent de la tête quand les autres semblent battre la mesure d’une patte arrière molle. Encore des absents. J’aime les absents.

Enfin, quelques rares fidèles vassaux, sans doute les derniers, daignent encore m’apporter des offrandes à base de sandwiches et autres viennoiseries. Bien qu’ils ne s’acquittent plus depuis longtemps de leur impôt sur le millet, je suis touché par leurs délicates attentions.

Car depuis la grande révolte, celle qui a conduit à la chute du régime féodal colombocrate,  nous autres, seigneurs pigeons, avons été chassés de nos fiefs par de fieffés rapaces.

L’humain me déroute autant qu’il me dégoute. Surtout son afflux de blancs-becs bruyants et follement primitifs aux heures de pointe. Les pies piaillent, les coqs paradent, les oies caquètent… Infernal ! Dans ce cas précis, ma milice aérienne forme une escadrille et largue quelques salves de missiles air-sol sur les indélicats. Redoutable.

Mais, quand malgré l’attaque de fientes, le spectacle continue, quand la scène m’afflige au point que je n’aspire plus qu’à leur voler dans les plumes, je déroule ma cape grise et m’envole, dédaigneux, vers une horloge voisine.

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Commentaires
C
Merci Sir Macaron, <br /> <br /> Vos encouragements me touchent profondément. Je pondrai quelques autres lignes ici si l'occasion se présente. La rédaction est tellement "anywhere out of this world" que je m'y sens un peu comme en asile politique.
S
Ce récit est ma foi bien pigeonné, j'en apprécie la plume et je trouve les mots bien choisis. Vous devriez faire de la littérature, Sir Du Pigeon...
La PQI
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