Le pain industriel, le lendemain
Vous avez faim, les crocs, on pourrait même, ce matin, dire « la dalle ». La tête vous tourne, vous titubez presque tellement l’estomac vous tenaille. Vous vous rappelez soudain qu’au réfrigérateur, se trouvent un excellent beurre et une confiture artisanale. La cuillère à café, l’infusion, le couteau… Vous sortez le pain de son sac. Presque trop appétissant hier soir encore, voilà qu’il s’est flétri de façon spectaculaire.
Tant pis, vous le fendez tant bien que mal, à l’aide d’une scie à métaux, puis y étalez le beurre d’abord. La confiture, c’est pour la fin. Vous mordez pour en détacher un fragment caoutchouteux. Coriace, il menace d’emporter vos incisives. Profitant de n’être offert à la vue de personne, vous lâchez le morceau un instant. Puis insistant, vous parvenez à l’avoir. Une mastication laborieuse, presque douloureuse et la saveur de polystyrène de ce qui ne ressemble de toute façon plus à du pain vous intime de renoncer. La faim vous pousse à lutter.
Dans un élan désespéré, vous croquez avec force dans cet ersatz de tartine, oubliant que votre index gauche y repose. De surprise et de douleur aussi, vous lâchez le morceau, qui, conformément à la loi de Murphy se retrouve beurre contre terre. Vous ne pestez pas, car trop fatigué. Pour la peine, vous vous promettez d’acheter des biscottes dans les plus brefs délais et surtout de ne plus faire d’infidélités à votre boulanger.